L’interculturel : comment naviguer ?
« Les gens ont quelque chose en commun : ils sont tous semblables et pourtant différents « R. Zend – poète Hongrois
La Culture, selon Tylor en 1871 est ‘un ensemble complexe incluant les savoirs, les croyances religieuses, l’art, la morale, les coutumes, ainsi que toute disposition ou usage acquis par l’homme vivant en société’
Alors comment naviguer dans cet océan interculturel…explorer la surface, comparable aux artifices, rituels et comportements, puis les moyennes profondeurs, abritant les croyances et les valeurs et enfin les eaux profondes, difficile à atteindre…cachant les présupposés ?
Il a d’ailleurs été dénombré dans le monde plus de 5000 ethnies différentes.
Edward T.Hall et Professeur Gert Hofsteede sont les deux spécialistes de l’interculturel
Edward Hall a distingué trois dimensions culturelles :
– A/ La dimension temporelle : le temps monochrone ou polychrone
– B/ La dimension spatiale : la proxémie rapprochée ou éloignée
– C/ La nature du contexte : le contexte riche et le contexte faible
A/ La notion de temps monochrone s’applique plutôt aux cultures de l’Occident, comme l’Europe du Nord ou l’Amérique du Nord, à savoir que dans ces cultures, le temps apparait plus concret et l’accent est mis sur les horaires, les séquences et le rendement des activités.
Dans les cultures à tendances polychrones, le temps se caractérise par la multiplicité des faits se déroulant simultanément. Ce sont plutôt les cultures du bassin méditerranéen, dans les pays arabes et en Amérique Latine.
B/La proxémie rapprochée ou éloignée se caractérise par l’usage culturel que l’homme fait de l’espace, la position du corps dans la conversation, l’agencement et l’utilisation des espaces intérieurs, l’urbanisme. Il est important de connaitre cette dimension en négociation, afin de pouvoir respecter l’espace de l’autre. En effet Hall a dans ces recherches distingué différentes distances comme suit :
Distance |
Mode proche |
Mode éloigné |
Distance intime |
contact |
15 cm à 40 cm |
Distance personnelle |
45 cm à 75cm |
75 cm à 125 cm |
Distance Sociale |
1.20 m à 2.10 m |
2.10 m à 3.60 m |
Distance Publique |
3.60 m à 7.50 m |
7.50 m |
C/ le contexte riche réfère à la nature du contexte : l’histoire ancienne, les coutumes, les traditions etc…dans une culture où le contexte est riche, les changements seront lents. Dans un contexte faible où l’histoire du pays est plus récente (par ex les Etats-Unis, l’Australie et le Canada), les changements seront plus rapide à mettre en place.
Geert Hoftstede a été commissionné par IBM et a effectué une longue étude à travers le monde sur un public de 116 000 salariés dans 50 pays répartis sur les 5 continents. Il en ressort l’existence de problèmes communs mais de solutions différentes selon les pays. Hofsteede en a tiré 5 dimensions différentes :
1- La distance hiérarchique (Power Distance Index – PDI)
2- Le contrôle de l’incertitude (Uncertainty Avoidance Index – UAI)
3- L’individualisme et le collectivisme (Individuality Index – IDV)
4- La dimension masculine /féminine (Masculinity – MAS)
5- La dimension additionnelle, ajoutée plus tard (long term orientation – LTO)
1/ la distance hiérarchique désigne l’acceptation de l’inégalité de pouvoir par celui qui y est soumis.
2/ le contrôle de l’incertitude désigne le degré de tolérance qu’une culture peut accepter face à l’inquiétude provoquée par des évènements futurs.
3/ l’individualisme et le collectivisme : exprime le degré de liberté d’un individu par rapport à un groupe, autrement dit le degré d’autonomie par rapport au groupe sociale et aux normes sociales et la plus ou moins grande solidarité du groupe
4/ la dimension Masculine/féminine : sont dites masculines les sociétés où les valeurs dominantes sont la réussite et le succès matériel. Sont dites féminines les sociétés où le consensus social est plus dominant, où la qualité de vie est importante et l’on travaille pour vivre et non vice versa.
5/ la dimension orientation à long terme (Long term orientation – LTO) : cette dimension, ajoutée plus tardivement, est focalisée sur la mesure dans laquelle la société maintient le respect de la tradition. Un indice haut indique que le pays est orienté vers un engagement à long terme. Un indice bas indique une culture où les changements apparaissent très vite
D’autres études sont proposées par Trompenaars, Iribarne, Demorgon ou encore Hernandez. Un point commun ressort de toutes ces approches : le sens que l’on donne aux mots dans la langue qui permet de communiquer, a une importance primordiale ;
Une application iphone a été lancée : Culture GPS. C’est un outil qui resence les cinq dimensions de professeur Geert Hofstede dans plus de 98 pays et qui aide le manager globetrotter à, dans une certaine mesure, prédire le comportement des habitants du pays dans lequel il se rend. Cette application est pertinente, en ce sens qu’elle ne fait qu’établir des comparaisons et aide le voyageur à ne pas développer d’attitudes ethnocentriques (qui se caractérisent par le fait de prendre sa propre culture comme culture de référence…’chez moi, nous procédons ainsi…etc.’ ; Ce qui fausse une observation interculturelle puisque, ce qui est important dans une culture, peut ne pas l’être dans une autre.
J’ai indiqué la traduction de chaque dimension en anglais. Par exemple si l’on compare la France avec la Chine nous obtenons les scores suivants :
PDI (hiérarchie) France : 68 Chine : 80
IDV (individualité) France : 71 Chine : 20
Mas (masculinité) France : 43 Chine : 66
UAI (contrôle de l’incertitude) France : 86 Chine : 40
LTO (orientation long terme) France : 39 Chine 118
En observant ces indices, le manager voyageant pour la première fois en Chine pourra se préparer à ses négociations en comprenant que la Chine fonctionne en système de clan, puisque l’indice d’individualité est particulièrement bas. Il devra, de plus être extrêmement respectueux de la distance hiérarchique, indice plus élevé qu’en France et s’armer de patience car l’indice en Chine LTO est très élevé et donc il semblerait que la notion de temps polychrone et non monochrone comme en France.
C’est une première approche.
La clé de tous ces problèmes d’ordre culturel tient dans l’évaluation de sa propre culture. Le profil de la personne efficace sur le plan Interculturel ou PEI sera une personne qui possède un ensemble de compétences et de comportements spécifiques. En termes simples, une personne efficace sur le plan interculturel est capable de s’adapter facilement et de réussir professionnellement dans une autre culture.
Lorsque l’on approfondit d’avantage, cette personne présente trois caractéristiques principales :
1 La capacité de communiquer avec des personnes d’une autre culture de façon à gagner leur respect et leur confiance
2 La capacité d’adapter ses compétences professionnelles (techniques et de gestion) pour s’ajuster aux conditions et aux contraintes locales
3 La capacité d’adaptation personnelle afin de se sentir intégré et généralement à l’aise dans la culture d’accueil
En coaching nous travaillerons sur les valeurs du coaché et la réalisation/ compréhension de la perception des autres :
1 -perception sélective
2 -les convictions stéréotypées
3 -les attitudes ethnocentriques
4 -les préjugés personnels
5 -les jugements hâtifs
6 – les erreurs d’interprétation
Pour nous aider à identifier un problème culturel, nous nous appuierons sur une grille de critères qui a trois objectifs principaux :
A/ tout d’abord prendre conscience des différences culturelles et y repérer ses propres attitudes
B/ décoder et expliquer les différences culturelles
C/ adapter son mode de management à des situations interculturelles
Un bref exemple des critères de cette grille sera par exemple : le Critère de repérage des différences comportementales ou bien encore identification du comportement d’autorégulation
L’apprentissage interculturel ayant lieu lorsqu’une personne en relation avec des personnes issues d’autres cultures essaie de :
-observer et comprendre leur système de référence et de pensée
-observer et comprendre leur jugement et leurs actions, afin de les intégrer dans sa propre culture
-observer et apprendre à repérer le culturel dans la communication
– se ‘nettoyer’ de ses propres stéréotypes
Cela implique une réflexion sur ses propres référents culturels et donc son image de soi, ses valeurs, son sens du bien et du mal et sa définition même de la réalité. L’apprentissage Interculturel passe par :
– Les savoirs : la connaissance des valeurs et des croyances partagées de certains groupes sociaux dans d’autres pays tels que les croyances religieuses, les tabous, une histoire commune
– Les savoirs-être : construire et maintenir un système d’attitudes dans son rapport avec d’autres individus
– Le savoir-faire : la capacité à aller au-delà de relations superficielles stéréotypées. D’établir une relation entre la culture d’origine et la culture étrangère ainsi que de gérer efficacement des situations de malentendus et de conflits culturel
La relation avec l’étranger est une question de compétences, de connaissances mais surtout de comportements. En tant que coach, je vous aide, grâce à ma méthode pratique et interactive, à acquérir les outils vous permettant d’adapter vos compétences professionnelles pour vous aider à vous ajuster aux conditions et aux contraintes locales, ainsi que la capacité d’intégration à la culture d’accueil.